Des femmes victimes de fistuleuses obstétricales ou de violences conjugales sont prises en charge par un projet d’amélioration de la santé et du bien-être des femmes et des adolescentes, dans plusieurs régions du Sénégal depuis 2018, a constaté l’APS lundi à Tambacounda (est).
Elles bénéficient non seulement d’une prise en charge sanitaire mais aussi d’une assistance sociale et économique leur permettant de mener des activités génératrices de revenus.
A Diamwely, un quartier périphérique de la ville de Tambacounda, Rougui Sow, âgée de 40 ans, coule une vie heureuse après avoir souffert d’une fistule obstétricale, une lésion vaginale qui rend les femmes incontinentes et les empêche de vivre correctement. Guérie de cette maladie, elle mène aujourd’hui gaiment une activité économique en exploitant un moulin à mil.
‘’J’ai énormément souffert. J’ai vécu avec une fistule pendant trois ans’’, se souvient Rougui Sow, guérie de cette lésion en 2019 grâce au Projet d’amélioration de la santé et du bien-être des femmes et des adolescentes des régions du Sud.
Elle s’est retrouvée avec une fistule à la suite de son deuxième accouchement, en 2016. ‘’Je me suis ruinée pour me soigner en vendant tous mes biens. Je suis allée voir des guérisseurs mais sans succès’’, a-t-elle dit à des journalistes lors d’une visite à Tambacounda des responsables du Projet d’amélioration de la santé et du bien-être des femmes et des adolescentes des régions du Sud. Une visite qui concerne également les régions de Kolda et de Sédhiou, où des femmes ont bénéficié de ce projet soutenu par les Affaires mondiales Canada, un ministère fédéral dudit pays, et le FNUAP, le Fonds des Nations pour la population.
Cette initiative, selon ses responsables, a un triple objectif : faire en sorte qu’il n’y ait aucun décès maternel évitable, satisfaire tous les besoins en matière de planification familiale et éviter toute violence basée sur le genre.
‘’Grâce à ce projet, j’ai été opérée une seule fois et je suis guérie. Une partie de mes activités consiste maintenant à dénicher des femmes porteuses de fistules’’, dit Mme Sow lors de cette visite faisant partie des activités dédiées à la célébration de la Journée mondiale de la population.
Des femmes victimes de violences conjugales ont également tiré profit du projet. C’est le cas de Fatou Diallo. ‘’J’ai eu la vie sauve grâce à ce projet. J’étais souvent battue par mon mari. Je ne comprenais pas du tout cette situation’’, témoigne Mme Diallo.
Quatre-vingt-quatorze femmes opérées de la fistule obstétricale
Avant que les responsables du projet ne lui tendent la perche, sa belle-mère était la seule personne qui se portait à son secours, dit-elle. ‘’J’ai eu quatre enfants avec mon mari. Les dépenses du foyer étaient à ma charge. Pourtant, je n’avais pas la paix’’, se rappelle cette femme aujourd’hui divorcée.
La planche de salut a été, pour Fatou Diallo, sa rencontre avec des membres du comité de lutte contre les violences faites aux femmes (CLVF) à Tambacounda, une instance soutenue par le Projet d’amélioration de la santé et du bien-être des femmes et des adolescentes des régions du Sud.
Ce comité la met à l’abri de la violence de son conjoint et lui trouve une activité économique qui, selon ses dires, la rend financièrement ‘’indépendante’’.
‘’Depuis 2018, nous travaillons à l’identification, au référencement et à l’accompagnement psychosocial et médical des femmes porteuses de fistules obstétricales ou victimes de violences basées sur le genre’’, dit Ahmadou Tidiane Diaw, le secrétaire général du CLVF de Tambacounda.
‘’Nous organisons des camps pendant lesquels des femmes sont opérées de la fistule obstétricale. Quatre-vingt-quatorze femmes ont été opérées par le Projet d’amélioration de la santé et du bien-être des femmes et des adolescentes du Sud’’, assure M. Diaw, l’un des prestataires de services de santé du projet.
La fistule obstétricale est également appelée ‘’la maladie honteuse’’, ce qui dénote une certaine stigmatisation, selon Ahmadou Tidiane Diaw. ‘’La fille ou la dame qui a cette maladie est souvent rejetée par sa famille à cause de la mauvaise odeur qu’elle dégage. Les femmes vivant avec une fistule s’isolent souvent pour ne pas être gênantes aux yeux de leur entourage et éviter la stigmatisation. Certaines d’entre elles sont abandonnées par leur mari’’, regrette le secrétaire général du CLVF de Tambacounda.
Avec le Projet d’amélioration de la santé et du bien-être des femmes et des adolescentes des régions du Sud, la ‘’réinsertion’’ des femmes victimes de violences conjugales ou de fistules obstétricales s’opère souvent par l’exercice d’une activité génératrice de revenus, selon M. Diaw, qui donne en exemple le cas de Rougui Sow. Certaines femmes bénéficiaires s’activent dans la transformation des céréales, par exemple.
Le projet déroule aussi des actions de prévention de la fistule obstétricale, avec l’aide des ‘’badjénou gokh’’, des femmes auxiliaires de santé, et du personnel des postes et districts de santé, affirme Ahmadou Tidiane Diaw. ‘’Nous faisons aussi des émissions radio, des causeries et des visites à domicile pour parler des facteurs de risque, à savoir l’excision, les mariages et grossesses précoces’’, a-t-il ajouté.
APS
+ Commentaire