Un des rares lieutenants de Macky Sall et de Amadou Ba à avoir résisté à la déferlante de la coalition Diomaye Président 2024, Mamadou Kassé, qui a gagné son bureau de vote et son centre de vote a livré ses impressions sur le scrutin de dimanche qui consacre l’élection de Diomaye Faye comme cinquième président de la République du Sénégal. Son avenir politique, la douche froide subie par le pouvoir, Diomaye Président, Ousmane Sonko… Mamadou Kassé sans filtre.
Les Echos : Les résultats issus des urnes vous ont-ils surpris ?
Mamadou Kassé : J’étais partie prenante en qualité de plénipotentiaire du candidat Amadou Ba dans le département de Tambacounda et convaincu de la victoire de celui-ci. Si cette victoire a pu être une réalité dans mon département et dans ma région, cela n’a pas été le cas partout, mais nous assumons ensemble ce résultat défavorable.
Dans votre camp, certains pensent que la majorité n’a pas soutenu Amadou Ba comme il faut…
Il est à mon sens prématuré de tirer des conclusions hâtives. Pour comprendre les raisons de cette défaite, il faudra prendre le temps d’analyser ce qui n’a pas fonctionné au point que notre principal adversaire dans cette compétition ait pu passer au premier tour conformément à la volonté populaire.
Que des zones comme Kaffrrine, Tamba commune soient remportées par la coalition Diomaye ne vous surprend pas ?
Pour Kaffrine, on perd le département et pour Tambacounda la commune chef-lieu. Je n’ai pas les explications et je le répète, il faudra évaluer pour comprendre et en tirer les enseignements.
A titre personnel, comment entrevoyez-vous votre avenir ?
J’entrevois mon avenir dans l’arène politique et pas ailleurs (rires) avec le même engagement et la même détermination. Je serai encore au service des populations de Tambacounda qui m’ont toujours fait confiance, même dans cette élection où nous avons pu contenir et contourner la déferlante de la coalition Diomaye Président, qui a pourtant tout raflé ailleurs sur son passage. Nous avons des raisons de croire que nos populations sont encore avec nous.
Vous pensez que Benno va tenir après le pouvoir ?
Je ne suis pas devin, ni prédicateur, mais une vraie introspection s’impose et cela passe par une évaluation sérieuse de la première élection que nous perdons depuis 12 ans sous la bannière Benno Bokk Yakaar.
Le premier discours prononcé par Bassirou Diomaye Faye vous rassure-t-il ?
En fait nous avons entendu le discours du candidat élu et sincèrement, je ne voudrais pas porter un jugement à la hâte. J’attends celui du Président avec ses habits de chef de l’État après une passation en bonne et due forme. Je ne suis pas pour les critiques farfelues. Donnons-lui le temps de prendre ses marques et d’apprécier les réalités et une fois les clés en main, on pourra commencer à donner des avis en toute objectivité. Je rappelle qu’il est le choix de la majorité des Sénégalais, mais pas de tous les Sénégalais ; mais ça suffit pour faire de lui légitimement le président de tous les Sénégalais. Il s’agit de lui donner un temps d’adaptation à cette nouvelle fonction si particulière.
Qu’est-ce qui explique cette défaite cuisante ?
C’est la volonté du peuple de changer qui s’est traduite en acte, dans un contexte très favorable pour eux et tenant compte de plusieurs situations, notamment l’entrée tardive en campagne électorale des responsables et plusieurs autres couacs pénalisants.
On parle de Bassirou Diomaye comme Président élu par défaut. Que c’est en réalité Ousmane Sonko le véritable Président…
Un Président élu ne peut l’être par défaut. Même si quelqu’un contribue fortement à son élection, il sera seul responsable et demeure le dépositaire exclusif du suffrage populaire. Quelle que soit la combinaison de gouvernement ou de gouvernance, le Sénégal n’a élu qu’un seul Président.
Source: Les Echos
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