Les députés de la 12e législature ont adopté hier, à l’unanimité, le nouveau Code de la presse. Lequel va assainir le milieu des médias et contribuer à l’amélioration des conditions de travail et d’existence des journalistes.
C’est maintenant fait. Le nouveau Code de la presse a été adopté, hier, par l’Assemblée nationale. Une satisfaction pour les professionnels des médias qui, pendant des années, se sont battus pour l’assainissement du milieu et l’amélioration des conditions de travail des journalistes. Ce nouveau Code va ainsi changer beaucoup de choses.
Il n’est plus possible d’embrasser le métier comme on veut. Il y a des critères qu’il faut désormais remplir pour intégrer la profession. Selon le secrétaire d’Etat à la Communication, Yakham Mbaye, qui, avec le ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, était hier à l’hémicycle pour défendre ce projet de Code, il faut trois critères.
Trois critères pour être journaliste
« Est journaliste celui qui a fait une formation en journalisme pendant 3 ans au CESTI ou dans une autre école de journaliste. Celui qui a eu la licence dans une autre branche autre que le journalisme et qui a eu deux ans d’expérience. »
Quid de ceux qui ont été formés sur le tas ? Ces derniers, informe Yakham Mbaye, doivent avoir d’abord une expérience de 10 ans. Mieux, pour être reconnus comme journaliste et bénéficier de la carte nationale de la presse, ils doivent passer devant la Commission de validation des acquis d’expérience.
« C’est la Commission qui donne les cartes, valide les acquis. Il y aura tout un dispositif pour la faire fonctionner », précise le secrétaire d’Etat. Qui est revenu sur les traitements des journalistes.
Sur ce point, relève-t-il, le Sénégal a accusé un retard de plus d’un quart de siècle parce que la dernière convention collective remonte à 1993. Le secrétaire d’État à la Communication rappelle que les salaires des journalistes ont été faits sur la base de ce qui existait à cette date. Or, souligne-t-il, le niveau de vie de 1993 n’est pas celui de 2017.
Une nouvelle convention collective
« On a relancé le processus pour finaliser, concrétiser cette nouvelle convention collective et, cette fois-ci, s’il y a blocage, l’Etat use de ses pouvoirs régaliens. Il faut qu’on le fasse pour avoir une convention collective digne du métier de journalisme. Avec une nouvelle convention collective, avec de nouvelles dispositions, on ne parlera plus de salaires des journalistes », a déclaré le secrétaire d’Etat à la Communication.
Concernant l’Aide à la presse, il a d’emblée voulu évacuer un amalgame en indiquant qu’elle n’est pas destinée aux journalistes. « La subvention à la presse est destinée à l’entreprise de presse », clarifie-t-il.
Pour lui, l’obligation que l’entrepreneur de presse a, c’est de payer ses salaires et de mettre ses travailleurs dans les conditions idoines. « Si l’aide est assez conséquente, on peut régler certains problèmes de trésorerie, espère Yakham Mbaye. Et, il est inadmissible qu’après avoir pris cette aide que ce problème demeure. On ne peut pas dire : ‘’Je crée une entreprise de presse simplement parce que je compte sur l’Aide à la presse qui va venir l’année prochaine ». »
Impact économique
Sans transition, le secrétaire d’État a évoqué le rapport de la Cour des comptes qui avait mis à nu les conditions de répartition de l’Aide à la presse. Il dit : « Aujourd’hui, il n’y a aucune entreprise de presse qui remplit normalement ses dispositions pour avoir une part de l’Aide à la presse. Aucune entreprise de presse ne peut être à jour de ses cotisations fiscales, de ses cotisations sociales. L’écrasante majorité des entreprises de presse ne sont pas à jour. Donc, j’ose dire qu’il y a une écrasante majorité de journalistes dans ce pays qui n’a pas de couverture sociale. »
Yakham Mbaye jure que l’impact économique du nouveau Code est formidable, énorme. Le Texte, signale-t-il, institutionnalise et encadre l’entreprise de presse. D’autant qu’il parle des dispositions qui entrent dans le cadre de l’amélioration des conditions d’existence des journalistes.
Aux professionnels des médias qui ont soutenu qu’il y a eu une rupture de consensus avec le gouvernement par rapport à ce nouveau code, le secrétaire d’Etat dit qu’il n’en est rien : « Il n’y a pas eu rupture de consensus. »
Pour les amendes, Yakham Mbaye a tenu à préciser que celles qui concernent les médias vont de 100 à 500 mille francs Cfa. S’agissant de l’amende de 30 millions, elle ne cible pas le journaliste fautif mais la personne qui a commis un acte de fraude gravissime. C’est-à-dire quelqu’un qui se permet d’exploiter quelque chose à la presse sans autorisation.
Révision de la revue de presse
Dans le même sillage, Yakham Mbaye a indiqué qu’on ne peut se prévaloir de la liberté d’expression jusqu’à violer le secret défense. « Le secret défense, de l’enquête et de l’instruction sont garantis par l’article 5 du présent code. Tout journaliste qui viole ces dispositions tombera sous le coup de la loi », avertit-t-il.
Le secrétaire d’État rapporte que des mesures ont été prises sur la façon de faire la revue de la presse au Sénégal. « Énormément de choses qu’on voit, ce n’est pas de la revue de la presse, décrète-t-il. C’est réglé par le Code. Parce que le Code fait la différence entre l’animateur et le journaliste. Et l’article 37 dit que les animateurs ne peuvent pas faire du journalisme. Quand on est animateur de programmes, on n’a pas réussi l’examen de la Commission de validation, on ne peut pas faire du journalisme. La revue de presse, ce n’est pas de l’animation, c’est du journalisme. »
Par ailleurs, Yakham Mbaye a annoncé que le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) sera remplacé par une entité qui s’appelle Autorité de Régulation de l’audiovisuel.
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