Les langues nationales auront plus de place dans les programmes. Les journalistes seront invités à redoubler de vigilance, avec les échéances électorales qui approchent, et à booster leur sens des responsabilités dans un environnement socio-culturel ancré dans ses singularités. Le social est déjà inscrit au chapitre des priorités… El Hadji Assane Guèye, nommé ce mardi directeur de la Rfm, entend poser sa patte sur sa radio comme il a imposé sa voix à l’audimat. Il s’est confié à Seneweb en exclusivité.
Nomination
« C’est avec beaucoup de gratitude et de reconnaissance envers le promoteur, le Président Youssou Ndour, que j’accueille cette nomination. Je crois que c’est une preuve de confiance en mon égard. Et je l’accueille aussi avec beaucoup de responsabilité et une pleine conscience du boulot qui m’attend. Ce ne sera pas facile. Ce n’est pas facile de succéder à d’éminents journalistes comme Mamoudou Ibra Kane et Alassane Samba Diop. Ce n’est pas, non plus, facile de coacher une radio comme la Rfm, où il y a d’excellents journalistes. Mais quelque part, c’est facile d’être à la tête d’une équipe qui travaille depuis 15 ans. Ç’avait été une équipe de football on aurait dit que le collectif marche très bien. Je fonde beaucoup d’espoir surtout sur le personnel. Je compte sur tout le monde, du vigile au chauffeur en passant par la rédaction, les correspondants, l’administration, le service commercial…
Projet éditorial
« Ce sera de la continuité. Je pense qu’Alassane Samba Diop et Mamoudou ont fait un excellent travail. Et je pense qu’on ne change pas un cheval qui gagne. On ne va pas changer de trajectoire. Mais il faudra nécessairement améliorer. Parce que la vie est une éternelle amélioration des choses. Donc sur ce point je pense qu’il faudra beaucoup insister sur l’aspect langues locales pour faire plus proximité. Il faut aussi insister côté responsabilité. Cela ne veut pas dire que ceux qui étaient là ne l’étaient pas. C’est qu’on va vers des échéances électorales et il va falloir être beaucoup plus vigilant. Sur le plan social je pense que j’ai beaucoup de choses à revoir. J’avoue que sur beaucoup de choses je n’ai pas le même avis que les confrères d’aujourd’hui. Il n’y a plus d’euphémisme. Parfois on dit les choses comme on les sent. Il faudra demander aux confrères de prendre en compte nos réalités socio-culturelles, essayer de ne pas s’en éloigner.
« Quand on perd des journalistes comme Mamoudou, Alassane Samba Diop, Migui Maram Ndiaye, Adama Anouchka Bâ, le technicien Saliou Dème, Boubacar Diallo, qui est une icône dans ce qu’il fait, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de problème. »
Carrière
« J’étais au département d’anglais à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. En licence j’ai écourté mes études pour aider ma maman ainsi que mes jeunes frères. Et là, j’ai écrit à feu Ben Bass Diagne- que le bon Dieu l’accueille dans son paradis. C’était en 1996. Il y a même des amis qui me disaient ‘toi, tu es un rêveur, toi, un illustre anonyme-là, qui écrit à Ben Bass Diagne’. J’étais à Thiès. Et Dieu a fait qu’il est tombé sur ma lettre et c’est lui-même, Ben Bass, qui a appelé chez moi pour demander que je vienne. Et quand je suis venu à Dunya en 1996, j’étais en costume cravate. Pour me taquiner, il me disait : ‘Moi je ne veux pas de quelqu’un qui fait du Malay Diop chez moi, j’ai juste besoin de quelqu’un qui fait les avis et communiqués’. Imaginez, quelqu’un qui est en troisième année de licence à qui on demande de faire les tague en wolof. Mais j’ai dit : ‘Pourquoi pas’. Puis j’ai commencé. Lui-même, il était tombé sous le charme. Et surtout de la voix. Puis il m’a demandé de faire d’autres tâches comme le journal, etc. Puis, quand Wal fadjri a ouvert ses portes, Mame Less Camara faisait son recrutement. J’ai postulé, Mame Less a été séduit. J’ai été recruté. Après, j’ai quitté Walf et aujourd’hui je suis à la Rfm.
Cascade de départs
« Ce ne sera pas facile. Je ne vais pas faire dans la langue de bois et dire : ‘ku dem baxna’. Non ! Quand on perd des journalistes comme Mamoudou, Alassane Samba Diop, Migui Maram Ndiaye, Adama Anouchka Bâ, le technicien Saliou Dème, Boubacar Diallo, qui est une icône dans ce qu’il fait, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de problème. C’est à nous de trouver des solutions, avoir des gens à leur niveau, les remplacer et continuer à faire le travail. Moi j’estime que la vie c’est l’espoir. Il faut s’en référer au Bon Dieu. Les chantiers sont là, tout le monde peut faire son travail. On pourra élargir les choix, ainsi que l’échantillon. Et les Sénégalais apprécieront. »
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